Qui est Haward ZEHR ?
Un chrétien convaincu, un acteur de la justice restaurative
Son parcours tout d’abord
Howard J. Zehr (né en 1944, aux États-Unis) est largement reconnu comme l’un des pionniers modernes de la justice restaurative.
Il a mis sur pied des programmes de médiation victime-auteur, dirigé un « halfway house », contribué à des travaux de justice restaurative dès les années 1970-80, et assumé des responsabilités universitaires, consultatives et pastorales.
Son ouvrage La justice restaurative : pour sortir des impasses de la logique punitive (titre original The Little Book of Restorative Justice) propose une présentation claire et pédagogique des principes de cette approche, en opposition à ce qu’il considère comme les limites de la logique purement punitive.
Une nouvelle vision de la justice dite « restaurative »
Les idées centrales chez Zehr comprennent :
La justice restaurative cherche non simplement à punir, mais à réparer les torts causés — pour la victime, pour l’auteur de l’infraction, et pour la communauté.
Elle implique tous ceux qui ont été affectés, autant que possible, dans un processus de dialogue, de reconnaissance des dommages, des besoins et des obligations qu’ils engendrent.
Elle met l’emphase sur la responsabilisation (non déléguée à l’État seul), la restauration des relations, la guérison — plutôt que la rétribution comme fin en soi.
Cette démarche préconise une justice qui restaure, qui rebâtit ce qui a été brisé, qui réconcilie ; pas seulement au niveau légal, mais au niveau interpersonnel, communautaire, spirituel.
Pour un chrétien, l’approche d’Howard Zehr résonne avec plusieurs dimensions de la foi :
1. La justice biblique
Le principe que Dieu est un Dieu de justice mais aussi de miséricorde : la Bible ne prône pas seulement le châtiment, mais la repentance, la restauration et la réconciliation (voir, par exemple, le prophète Osée, ou les appels à la justice sociale dans l’Ancien Testament).
Jésus-Christ lui-même ne se contente pas de condamner le péché, mais il appelle les personnes à se détourner de leur péché, à accueillir le pardon, à restaurer ce qui peut l’être (par exemple l’histoire de la femme adultère, ou encore le bon Berger qui va chercher la brebis perdue).
2. L’amour du prochain et la dignité humaine
Dans la Bible, la personne humaine, même celle qui a commis une faute, garde une dignité. La victime mérite d’être entendue, soignée dans ses blessures. La personne coupable mérite qu’on ne la réduise pas à ses actes (exemple du Roi David).
La justice restaurative permet de reconnaître l’humanité des deux, de chercher la restauration des relations détériorées.
3. La communauté comme corps du Christ
L’Église comme communauté est appelée à vivre la communion, la réconciliation, le pardon mutuel. De ce point de vue, la justice restaurative n’est pas seulement un modèle pour le système judiciaire, mais peut être un modèle pastoral, ecclésial.
La communauté a un rôle à tenir pour soutenir, pour accompagner, pour être un lieu de réparation et d’espérance.
4. La vérité, la repentance et la guérison
Les notions de confession, de réparation, de restitution, de pardon sont pleinement bibliques. Par exemple, dans l’Ancien Testament, restitution des biens volés ou réparation des dommages (Lévitique, Nombres). Dans le Nouveau Testament, les appels à la confession mutuelle, à la réconciliation (2 Corinthiens, Matthieu).
La justice restaurative permet de faire advenir un chemin concret vers la repentance vécue, pas seulement formelle.
Fondements bibliques possibles à mettre en avant
Voici quelques passages ou thèmes bibliques qui peuvent servir de pierre d’appui :
Michée 6:8 : « Il t’a été déclaré, ô homme, ce qui est bien ; et ce que le Seigneur demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, que tu marches humblement avec ton Dieu. »
Ce verset lie justice, miséricorde et humilité — exactement ce que propose la justice restaurative.
Luc 15, la parabole du fils prodigue : non seulement la faute est reconnue, mais revient-réconciliation, restauration relationnelle.
Jacques 5:16 : « Confessez vos péchés les uns aux autres, priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. » → dimension communautaire, confession et guérison.
2 Corinthiens 5:18-19 : « Tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ, et qui nous a donné le ministère de la réconciliation. » → appel pour les chrétiens à être des artisans de réconciliation.
Matthieu 5:23-24 : avant d’offrir ton offrande, si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, va te réconcilier avec ton frère. → la priorité donnée à la relation réparée.
Proverbes et Loi de l’Ancien Testament : nombreuses prescriptions de restitution, de réparation, d’aide à la victime (voir par exemple Exode, Lévitique).
Défendre la justice restaurative : les arguments qu’un chrétien engagé peut souligner
Elle complète et humanise le système judiciaire, souvent réduit à la loi, à la peine, à la sanction. Elle rappelle que derrière chaque chiffre, chaque cas, il y a des vies, des blessures, des relations.
Elle offre une réelle opportunité de transformation pour l’auteur de l’acte, au lieu de simplement le punir. Le chrétien croit au changement de cœur, à la conversion — la justice restaurative fournit un cadre concret pour cela.
Elle donne voix à la victime, pas seulement comme une partie lésée, mais comme personne qui a des besoins, qui souffre, qui a besoin d’être reconnue, non simplement indemnisée ou oubliée.
Elle favorise le bien commun : réparer les relations brisées dans la communauté, restaurer la confiance, diminuer les tensions, prévenir la récidive.
Elle manifeste l’amour du prochain et le souci de l’autre, principes chrétiens par excellence.
De la vision à l’action : l’église à un appel à vivre comme Sel et Lumière
Howard Zehr par son travail - incarne ce que peut être un chrétien de conviction et d’action : enraciné dans la foi, mais aussi engagé concrètement pour la justice, la paix, la réconciliation. Sa démarche nous invite à repenser :
• Comment nos églises œuvrent pour la justice ;
• Comment nous réagissons face à la faute, à la souffrance, au conflit ;
Si nous ne pouvons pas promouvoir la justice restaurative dans des contextes judiciaires, au moins l’appliquer dans nos communautés : familles, églises, lieux de travail.
Pour tout chrétien qui croit au Dieu de réconciliation, il y a là une responsabilité : être artisan de restauration, appelés non seulement à dénoncer l’injustice, mais à offrir des chemins de réparation.
Nous sommes, nous aussi appelés à vivre comme des instruments de justice en faisant le bien, y compris auprès des « méchants ». Nous avons tellement tendance à fuir parfois notre responsabilité. Nous devons demander à Dieu la force de résister. Laissons-nous conduire par son Esprit pour vivre auprès des oubliés, des méprisés, des souffrants cette direction que Christ nous a donné d’annoncer cette bonne nouvelle de l’évangile. Faisant ainsi passer tout homme qui croit de l’ombre à la lumière, des ténèbres du péché à la vie en abondance, ayant une ferme espérance en Christ et en l’œuvre expiatoire toute suffisante de son sacrifice à la croix.
Pour en savoir plus : Howard Zehr - Wikipedia
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