Venez comme vous êtes...
Une femme détenue en transfert disciplinaire, que nous appellerons Lucie, vient d’arriver. On nous dit qu’elle vient d’agresser des agents de la pénitentiaire et de la police. Sans arrêt Lucie tambourine contre la porte de sa cellule, et on l’entend de loin. Il semble qu’elle ne peut pas voir des uniformes sans devenir violente. On dit aussi que ses parents seraient morts respectivement d’overdose et de cirrhose due à l’alcoolisme. C’est l’heure du culte. Les femmes détenues arrivent, les yeux cernés : elles dorment mal ces temps-ci. En effet, pendant la nuit, Lucie continue à donner des coups de pied dans la porte de sa cellule, ce qui provoque beaucoup de bruit, car la prison est une caisse de résonance. Les femmes ressentent le besoin de s’exprimer et il apparaît que Lucie, la nouvelle arrivante, leur fait peur. Je leur laisse donc le temps de partager leur malaise, puis nous prions pour Lucie pour qu’elle puisse se calmer. Ce n‘est pas facile de célébrer un culte dans ce vacarme infernal. Pour surmonter le bruit, je propose de chanter très fort et je sors ma guitare. Dès que nous commençons à chanter, les coups s’amenuisent puis s’arrêtent. Mais pendant la prédication, il faut s’accrocher, car le martèlement envahit de nouveau les cursives. Aussi nous chantons beaucoup ce jour-là et cela fait du bien à tout le monde. Augustin d’Hippone l’avait dit : » chanter c’est prier deux fois ». Et chanter peut faire fuir les mauvais esprits. Je l’avais souvent vécu pendant les sessions d’animation et d’accompagnement social. Puis nous prions aussi pour cette femme violente, si difficile à vivre. Quinze jours après, en regardant le nom des nouvelles inscriptions pour le culte de l’aumônerie, je vois le nom… de Lucie. Elle demande un entretien avec l’aumônier protestant. Il me reste ce jour-là un peu de temps et je demande à la voir. La cheffe de détention est réticente, car il faut une sécurité renforcée et dans l’immédiat, elle ne dispose pas du nombre de surveillants nécessaire pour assurer ma sécurité. J’insiste pour voir cette détenue qui ne va pas bien, mais je dois patienter un bon moment. En attendant, je prends deux bibles avec moi au cas où la femme en voudrait une. Puis, quand une impressionnante rangée de surveillants se met en place devant la cellule, j’éprouve un vague sentiment de malaise. Enfin, la cheffe déverrouille la fameuse porte que Lucie « martyrise » et on me fait signe que je peux rejoindre la détenue. J’entre donc et me trouve en face d’une grande plante sportive qui me demande d’une voix rauque et agressive ce que je lui veux. Je me présente et lui rappelle sa demande de voir l’aumônier : me voilà. Je l’invite à s’asseoir avec moi à la petite table et lui demande ce que je peux faire pour elle. Elle dit se sentir perturbée et qu’elle voudrait y voir plus clair en elle-même, spécialement sur le plan religieux. Ayant vécu avec des chrétiens, puis avec des musulmans, et enfin avec des bouddhistes, elle se trouve dans une confusion religieuse et spirituelle. Je l’écoute, et lui dis que le Dieu de la Bible l’aime et qu’elle peut s’adresser directement à lui par des psaumes ou plus spontanément en le priant avec ses mots à elle. Du coup, elle se souvient de sa grand-mère chrétienne, qui lui avait conté quelques histoires de la Bible. En réponse à ma proposition, elle me dit qu’elle voudrait bien lire la Bible en prison et prend de suite la grosse Bible que je lui offre de la part de l’aumônerie. Je lis avec elle un psaume. Puis elle serre la grande Bible contre elle, comme une bouée de sauvetage au milieu de son agitation, et un sourire illumine son visage pour quelques instants. Nous disons une courte prière ensemble et je la laisse avec sa Bible. Elle me suit des yeux, mais dès qu’elle voit devant sa cellule la brochette de surveillants, c’est reparti : elle vocifère contre eux et ils me font les gros yeux… Mais j’ai passé effectivement près d’une heure avec elle et c’était la première fois qu’un contact personnel avait eu lieu avec Lucie à Fleury, m’a précisé le gradé. Oui, l’aumônerie des prisons est bien un lieu de recueillement, de discussion et de guérison ! Ensuite Lucie s’est inscrite au culte… et elle est venue. Les femmes détenues craignaient la grande fille qui donnait des coups de pied dans sa porte, mais elle s’est installée tranquillement près de moi. Silence radio… J’ai rassuré l’assistance en disant que nous allions voir comment Dieu allait se révéler à Lucie. Elle a apprécié beaucoup les cantiques et a accepté de lire les passages de la Bible qui introduisaient ma prédication. Elle a lu ces textes, en français, avec une diction parfaite, ce qui était plutôt rare en ce lieu. Lucie posait beaucoup de questions, et de rencontre en rencontre, elle a commencé à canaliser sa violence. Puis un jour, elle a changé d’établissement. Mais auparavant Lucie s’était accrochée à ce Dieu qui l’aimait, auquel elle pouvait faire appel, et vers qui elle pouvait aller telle qu’elle était.
Extrait tiré du livre de ERB, Rose-Marie "Voir Dieu agir en prison"
Rose-Marie Erb, nous fait ce privilège de partager une vie consacrée aux plus démunis.
Ce livre est diffusé par les librairies "La maison de la Bible" et "Jean Calvin" ou "Amazon"
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