Témoignage : « Je remercie, Dieu de ma mise en détention. »
Cela fait maintenant plus de trois ans que Dieu a mis un terme à ma spirale autodestructrice en permettant mon arrestation pour des actes graves que j'ai finalement reconnus. Toutefois, afin de bien saisir les raisons qui m'ont conduit à cette situation, je vais remonter à mon enfance.
J'ai grandi au sein d'une famille protestante chrétienne. Bien que mon père soit peu présent à la maison et ait tourné le dos à Dieu, ma mère nous emmenait, mon frère et moi, à l'église tous les dimanches. J'ai participé à l'école du dimanche, à diverses activités centrées autour de Dieu, ainsi qu'aux récits bibliques et aux activités scoutes. Vers l'âge de 11 ans, j'ai remis mon cœur d'enfant à Dieu et lui ai demandé pardon pour mes péchés, bien que je n'aie pas pleinement compris les implications, ma sincérité était authentique.
Avec l'aide de lecteurs, je lisais quotidiennement ma Bible et je continuais à fréquenter les cultes et les activités religieuses. Cependant, au fil du temps, j'ai progressivement perdu ma discipline dans la lecture de la Bible. Le divorce de mes parents a profondément bouleversé ma vie familiale et mes relations affectives. J'ai vécu avec ma mère, mais le divorce a également permis de renouer avec mon père, que je voyais désormais plus souvent qu'avant. Il m'encourageait même à assister aux cultes du dimanche, bien qu'il ne m'accompagne pas. Ma mère s'est remariée deux ans plus tard, et j'ai développé de bonnes relations avec mon beau-père, qui a trouvé sa place dans ma vie.
Un an plus tard, nous avons déménagé loin de ma ville natale et de mes amis. Ce fut une période extrêmement difficile marquée par un isolement social, car j'ai eu énormément de mal à me faire de nouveaux amis. Je continuais de voir mon père, mais la distance réduisait la fréquence de nos rencontres. C'est pendant cette période que j'ai commencé à m'éloigner du Seigneur. Je ne lisais plus ma Bible, je ne priais plus, et bien que j'assistais toujours aux cultes du dimanche, je le faisais sans réellement écouter ou m'intéresser. J'étais déçu, car pendant des années, j'avais tenu Dieu responsable de mes problèmes. Même si ma vie n'était pas chaotique et que je n'étais pas impliqué dans la drogue, l'alcool ou le tabac, je m'éloignais de plus en plus de Dieu. Bien que je puisse donner l'impression d'être un chrétien à l'extérieur, respectant les autres, la loi et la plupart des commandements divins, je ne me considérais pas comme une personne vertueuse. Je n'infligeais pas de mal aux autres, mais je me faisais du tort à moi-même sans réellement m'en rendre compte.
Ma vie a suivi son cours, avec un nouveau déménagement en compagnie de ma mère et de mon beau-père. Puis, à l'âge de 17 ans, je me suis retrouvé seul dans un appartement, gérant mes cours, mon petit budget, mes courses et mes repas. Je voyais ma mère et mon beau-père tous les samedis, ils étaient à environ 5 km, mais leurs activités professionnelles ne leur permettaient pas de vivre avec moi. Quant à mon père, je le voyais pendant les vacances. J'étais ravi de cette liberté et de cette confiance qui m'étaient accordées, sans pour autant en abuser. J'ai passé mon B.A.F.A et j'ai encadré des colonies de vacances ainsi que des activités scoutes au sein de l'église.
Malgré ces activités, je me demandais où se trouvait Dieu dans ma vie. Je ne percevais aucune manifestation de sa part et les rares prières que je lui adressais semblaient rester sans réponse. Il est vrai qu'à cette époque, je ne cherchais pas de réponse dans la Bible, ni pendant les cultes qui m'ennuyaient et où je ne retenais rien. Après le bac, j'ai poursuivi mes études supérieures, mais je les ai arrêtées en plein milieu de ma deuxième année par manque de motivation. J'ai décidé de faire mes dix mois de service militaire obligatoire. À la fin de cette année, je me suis demandé quoi faire ensuite. Revenir à mes études ne m'enchantait pas, et trouver un emploi était une possibilité, mais lequel ? À aucun moment, je n'ai cherché à connaître la volonté de Dieu pour moi.
C'est alors qu'une amie m'a parlé d'une association chrétienne qui accueille des enfants placés par les juges. J'ai postulé avec mon B.A.F.A comme seul diplôme, et j'ai été recruté. Ce nouvel emploi a entraîné un autre déménagement, me ramenant dans ma région d'origine, plus proche de mon père mais plus éloigné de ma mère et de mon beau-père.
J'ai rencontré ma future femme et, après deux ans de relation, nous nous sommes mariés. Ensuite, nous avons eu des enfants. Au bout de 11 ans, suite à plusieurs événements et de mauvais choix des deux côtés, j'ai entamé une procédure de divorce qui a été longue et difficile. C'est au début de cette période que j'ai commencé à ressentir des envies de suicide, sans pour autant passer à l'acte. J'étais complètement détruit psychologiquement et je me suis senti dévalorisé à cause des manipulations de mon ex-femme.
Finalement, après deux ans, j'ai pu retrouver une stabilité personnelle. J'ai recommencé à voir mes enfants, j'ai retrouvé un travail stable où je m'épanouis, et j'ai renoué avec une vie sociale. Cependant, Dieu ne faisait toujours pas partie de ma vie.
Je me suis moi-même laissé entraîner par mon autodestruction pendant plus de deux ans. Puis, un jour, j'ai été arrêté par la police, suivi d'une incarcération. Tout ce que j'avais construit s'est effondré : plus de travail, plus de logement, plus de contact avec mes enfants, le rejet de certains amis et membres de ma famille, une démoralisation extrême.
Comment décrire l'univers carcéral à quelqu'un qui n'a jamais séjourné en prison ou côtoyé un détenu ? Les films sont bien loin de la réalité.
Au début de mon incarcération, tout était difficile. Je me suis retrouvé dans un lieu dont je ne connaissais pas les règles et les codes. Être enfermé 22 heures et demie sur 24 dans une cellule de 10 mètres carrés avec deux ou trois personnes, le grincement incessant des grilles, le bruit des clés dans les serrures, les hurlements des autres détenus. Il était impossible de trouver le sommeil, car les pensées se bousculaient dans ma tête, et me maintenaient éveillé était inévitable.
La cohabitation forcée avec les codétenus, qui n'avaient pas les mêmes habitudes, opinions, religions. Les programmes télévisés était exaspérant, avec des bruits constants. Les rondes de nuit toutes les deux heures, où les surveillants qui allumaient la lumière de la cellule. Le réveil à 7 heures tous les matins, même si on avait dormi seulement 3 ou 4 heures, voire moins. Les douches étaient autorisées un jour sur deux uniquement du lundi au vendredi, sauf les jours fériés, à 7 heures du matin. Si on n'était pas debout devant la porte avec nos affaires et notre serviette, la porte se refermait, et il fallait attendre deux jours, voire plus, avant de pouvoir prendre une douche. Il ne restait que le lavabo avec de l'eau froide uniquement, car l'eau chaude en cellule n'est disponible que dans les prisons les plus récentes. J'ai connu une période de deux mois en automne où l'eau de la douche était froide en raison d'un problème avec le système de chauffage.
On ne savait jamais comment la journée serait occupée. On pouvait être appelé à n'importe quelle heure de la journée sans préavis. Les activités, le travail, les rendez-vous médicaux étaient souvent annulés cinq minutes avant l'heure prévue, sans avertissement. On se préparait, on attendait avec impatience, prêts devant la porte pendant 30 minutes, voire quatre heures, pour finalement voir aucune activité ni rendez-vous, sans aucune explication. Un surveillant nous disait simplement qu'il nous avait oubliés.
En ce qui concerne le courrier, celui-ci est systématiquement lu et censuré. Dans mon cas, pendant un an, il mettait un mois à parvenir au destinataire, et autant de temps, voire plus, pour obtenir une réponse. Par exemple, un courrier de mon frère a mis trois mois à me parvenir, sans oublier les courriers perdues. En ce qui concerne le téléphone, il ne m'a pas été autorisé d'appeler ma mère pendant les quatre premiers mois. Pour certains, ces délais peuvent être plus courts ou plus longs. J'ai un codétenu qui, même après cinq ans, n'a toujours pas le droit d'appeler sa femme. Il ne peut lui écrire que des courriers.
Nous ne sommes plus considérés comme des êtres humains. Par exemple, on ne nous appelle plus par notre prénom, mais uniquement par notre nom de famille. Il est interdit de nous appeler « Monsieur«. Dans la section des activités, il y a des toilettes réservées aux surveillants hommes, des toilettes réservées aux surveillants femmes, et les toilettes « détenus » où nous sommes enfermés à l'intérieur sans pouvoir sortir seuls. Les fouilles corporelles sont humiliantes, nous sommes obligés de nous dévêtir entièrement devant un surveillant et de prendre des poses particulières afin qu'il puisse inspecter chaque partie de notre corps. Nous devons attendre qu'il fouille nos vêtements avant de pouvoir nous rhabiller. Les fouilles des cellules et de nos affaires peuvent être très intrusives, avec un mélange de nos affaires avec celles d'autres détenus. Les boîtes de conserve que nous avons achetées, qui étaient fermées, peuvent être ouvertes et mélangées, les rendant inutilisables, ce qui nous oblige à les jeter.
La surpopulation fait que dans une cellule de 10 mètres carrés, nous sommes parfois deux avec des lits superposés, sinon deux lits au sol. Il y a une armoire à trois étagères, une table d'un mètre de longueur, un WC, un lavabo, une douche (dans les prisons les plus récentes) et une chaise pour deux personnes, parfois deux. Il y a un réfrigérateur si l'installation électrique le permet, ce qui n'est pas fréquent, ainsi qu'une télévision. Nous devons payer un abonnement mensuel pour le réfrigérateur et la télévision. Parfois, une troisième codétenue pose son matelas directement sur le sol pour dormir, ce qui laisse seulement 1,5 mètre sur 0,5 mètre pour se déplacer du lit à la porte.
Si nous tombons malades, pour consulter un médecin, il faut écrire à l'unité sanitaire. Une infirmière nous reçoit, mais il faut attendre au moins une semaine, puis encore une à deux semaines pour voir le médecin qui nous prescrira des médicaments pour la journée, s'il en a, sinon rien. Pour une grippe avec fièvre, irritation de la gorge et rhume, j'ai reçu 10 Doliprane de 500 mg et du sérum physiologique. En ce qui concerne le dentiste, j'ai connu un détenu qui a dû attendre trois semaines avec une forte rage de dents. Personnellement, j'ai cassé une dent il y a plus de deux ans, et malgré plusieurs courriers, je n'ai pas eu de rendez-vous. En règle générale, il faut attendre plus d'un an pour avoir un premier rendez-vous avec un psychologue, et par la suite, les rendez-vous durent maximum 15 minutes et ont lieu seulement tous les 15 jours au mieux voir une fois par trimestre.
Je décris cela pour témoigner de mon quotidien et non pour me plaindre des conditions. Dans d'autres prisons, les conditions de vie sont bien plus difficiles et insalubres, rendant l'incarcération insupportable.
Dans mon cas, j'ai pu consulter un psychiatre assez rapidement, car ma situation était très critique. Ne sachant pas ce que l'avenir me réservait, je me sentais extrêmement mal dans ma peau. Je ne voyais aucune raison de vivre et je supportais très mal ma détention, au point d'envisager de mettre fin à mes jours. Je n'avais plus aucun espoir de retrouver une vie heureuse, même après ma libération. J'ai donc entamé une grève de la faim et de la soif dans l'intention de mourir. Je pensais que même Dieu m'avait abandonné. Au bout de deux jours et demi, j'ai été envoyé chez le médecin qui a décidé de m'hospitaliser en unité psychiatrique. Là, j'ai rencontré quatre psychiatres qui ne me posaient qu'une seule question : «Pourquoi êtes-vous incarcéré ? » Il était évident qu'ils ignoraient mon désir de mourir, qui, pour moi, n'était pas lié à mon incarcération, mais à un désespoir total. Les conditions d'hospitalisation étaient strictes : j'étais attaché aux chevilles, au ventre et aux poignets pendant 23 heures et 45 minutes par jour, avec seulement 15 minutes de détachement pour prendre une douche. Je n'avais pas le droit à la télévision, ni à des livres ni à aucune autre occupation. Les psychiatres me disaient que j'étais là uniquement pour réfléchir, et que si je persistais à refuser de manger et de boire, ils me perfuseraient de force malgré mon refus exprimé par écrit.
Au bout de trois jours et demi de grève de la faim et de la soif, une très faible lueur d'espoir a traversé mon esprit (une lueur d'espoir qui, en plus de trois ans, ne s'est pas réalisée et qui ne se réalisera probablement jamais). J'ai alors renoncé à l'idée de ne pas boire et de ne pas manger, m'accrochant à cette unique lueur d'espoir pour survivre dans le monde carcéral.
La «gamelle» (pas celle du chien) est servie deux fois par jour, mais elle est souvent insuffisante voire immangeable. Par exemple, il m'est arrivé de recevoir une petite portion de chou-fleur, d'environ 50 g, et une autre fois juste un yaourt nature. Sans argent provenant de l'extérieur ou d'un travail (j'y reviendrai plus tard), il est impossible de compléter sa ration alimentaire, de «cantiner» .«Cantiner» consiste à acheter de la nourriture, des articles de toilette, des vêtements, du tabac, des timbres, des blocs-notes, des stylos et des produits d'entretien. On nous fournit seulement quatre rouleaux de papier toilette, deux bouteilles de 12 cl de javel et deux éponges. Un rouleau de sac-poubelle est fourni chaque mois, mais souvent seulement un mois sur deux. Le délai de livraison des « cantine » varie de 8 à 11 jours. Nous ne pouvons passer commande qu'une fois par semaine, et les choix en termes de diversité et de quantité sont très limités. Par exemple, il n'y a qu'une seule variété de jambon et seulement quatre tranches par semaine.
J'ai eu mon premier parloir de 30 minutes au bout de quatre mois, mais certains détenus n'ont pas cette chance car les parloirs leur sont refusés ou leur famille habite trop loin. Un détenu a dû attendre plus de trois ans avant d'obtenir une autorisation de parloir. Pour se rendre au parloir, nous passons trois fois sous les portiques de sécurité et sommes soumis à palpations. Au retour, nous sommes soumis à une fouille intégrale ou une palpation, ainsi qu'aux trois portiques. Pendant le parloir, nous sommes surveillés à travers une vitre et parfois écoutés. Du côté du visiteur, il doit arriver à la prison 1h30 avant le parloir, attendre à l'extérieur (même sous la pluie), passer par un contrôle de sécurité comprenant vérification de l'identité et passage sous un portique ou un scanner. Si le détecteur se déclenche à trois reprises en raison de clés, de monnaie ou d'un vêtement contenant du métal (par exemple, certains jeans ou soutiens-gorge), le parloir est annulé. Les familles doivent être motivées pour endurer tout cela, car parfois il peut y avoir la présence de chiens détecteurs de nourriture ou de drogue, ce qui peut entraîner une fouille, voire une garde à vue, et une éventuelle suspension des parloirs pendant un à trois mois. J'ai la chance qu'un de mes anciens pasteurs me rende visite au parloir chaque mois, ce qui m'est d'une grande aide, surtout au début quand je me sentais très mal dans ma peau et démoralisé. Il a également contribué à mon retour vers Dieu. Le travail en prison est une opportunité, car il n'y a pas suffisamment de postes pour tout le monde et la plupart des emplois sont réservés aux détenus condamnés (ceux qui ont déjà passé en jugement et éventuellement finit leur appel). Les procédures judiciaires peuvent prendre de deux à huit ans, voire plus.
J'ai été jugé après deux ans et demi et je n'ai pas fait appel. Pour ceux qui sont en détention provisoire (non condamnés), les emplois les moins valorisants sont accessibles. J'ai pu commencer à travailler au bout de sept mois, ce qui me rapporte environ 155 € pour environ 100 heures de travail par mois. Cependant, un poste n'est jamais acquis, on peut être «déclassé» et renvoyé de son poste pour diverses raisons telles qu'une production insuffisante, des lacunes professionnelles, des bagarres ou des trafics. Parfois, les motifs de renvoi sont moins légitimes, comme trois retards, trois absences ou une maladie, simplement parce qu'un surveillant ou un gradé ne nous apprécie pas. Naturellement, ce n'est pas le motif réel invoqué, ils en inventent un autre. Dans ce cas, il faut attendre une période indéfinie et variable, allant de quelques mois à plus d'un an, avant de pouvoir recommencer le processus de la commission et être autorisé à travailler à nouveau.
Les premiers mois, mes seules activités étaient la promenade quotidienne de deux heures (dans certaines prisons, ce n'est qu'une heure par jour) et l'accès à la bibliothèque une fois par semaine, pour les emprunter. Pour pouvoir travailler, il fallait l'accord du juge et passer par une commission qui se réunissait une fois par mois. Cette commission autorisait les postes auxquels un détenu pouvait être affecté, et seulement alors pouvions-nous postuler, mais uniquement pour l'un des postes autorisés qui devait être vacant. Si nous n'étions pas sélectionnés, nous pouvions postuler pour un autre poste (ou le même) lors de la commission du mois suivant, et ainsi de suite.
J'ai pu commencer à participer à des activités sportives collectives, deux heures et demie une fois par semaine, et j'ai commencé à voir régulièrement un psychologue au bout de quatre mois. Cependant, la plus grande difficulté était cette envie de mourir qui ne me quittait pas. J'y pensais une dizaine de fois par jour, j'avais l'envie de me suicider cinq fois par jour, mais je me retenais de le faire deux fois par jour. Cet état d'esprit a duré plus de trois ans.
Au bout de trois mois, un aumônier de la prison est venu me rendre visite en cellule, me connaissant de l'extérieur et ayant appris mon incarcération. Il a pris la décision de venir me parler. Il m'a proposé de m'inscrire sur la liste du culte pour que je puisse y participer. J'ai accepté, plus dans le but de pouvoir sortir de ma cellule que dans l'espoir que Dieu puisse m'apporter quelque chose. De toute façon, je n'attendais plus rien, mais je me trompais.
Comme je le disais à l'époque, il y a un proverbe qui dit : « Tant qu'il y a de la vie, il y a de l’espoir », et j'ajouterai : « S'il n'y a plus d'espoir, il n'y a plus de vie » .
Mais Dieu ne m'a pas abandonné. En plus des cultes, j'ai commencé à recevoir des visites individuelles du pasteur à qui j'ai pu confier mon désespoir et mon envie de mourir. Bien qu'il me disait que le suicide n'était pas la solution, il ne m'a pas jugé ni sermonné. J'ai pu accepter que, malgré mon désespoir, Dieu m'aimait quel que soit mon choix, mais qu'il avait un plan pour ma vie future.
Beaucoup de personnes ont prié pour moi, que ce soit dans ma famille (même si certains m'ont rejeté en raison de mes actes, ce que je peux comprendre), les membres de mon église qui ont appris mon incarcération, les amis chrétiens (même si beaucoup m'ont oublié), les aumôniers de la prison, et sans doute d'autres personnes connues ou inconnues à qui ma situation a touché le cœur.
Par l'intermédiaire de l'aumônier, j'ai été mis en relation avec la correspondance de la CEDEF, une chrétienne qui correspond régulièrement avec moi. Elle continue à m'écrire même lorsque je ne lui réponds pas pendant des mois, et elle m'encourage à lire ma Bible, à prier, à garder espoir. Chaque fin d'année, elle m'envoie un support quotidien avec un verset et elle prie pour moi.
Lors de sa première visite, l'aumônier m'a donné un Calendrier de la Bonne Semence. Au début, je l'ai pris surtout pour avoir la date du jour, car je n'avais plus de montre depuis mon incarcération, étant donné que les objets électroniques sont interdits en prison, sauf ceux qui sont achetés en prison. Mais ensuite, je me suis mis à le lire chaque jour. J'ai demandé une Bible, car j'avais envie de la relire. Ma famille m'a envoyé un lecteur biblique pour avoir un support supplémentaire. Et Dieu m'a parlé, il m'a montré qu'il m'aimait malgré mes péchés, non seulement celui qui m'a envoyé en prison, mais tous les autres aussi, et la liste est longue. Depuis ce jour, je lis ma Bible tous les matins, en utilisant plusieurs supports qui me sont envoyés. Je prie pour ma famille, mes amis, le pasteur, les aumôniers et les détenus que j'ai rencontrés lors du culte et à ceux à qui j’ai pu leur parle du pardon offert par Jésus pour tous, ainsi que des sujets de prière qui me sont confiés.
Puis vint le jour de mon jugement terrestre, une épreuve difficile où, en tant qu'accusé, je n'avais pas le droit d'intervenir. Lorsque des mensonges étaient énoncés, je ne pouvais pas les contredire. Mais les seuls moments où je me suis exprimé furent au début, pour confirmer ma culpabilité des faits qui m'étaient reprochés, exprimer mes regrets et présenter mes excuses à ceux que j'avais blessés, ainsi qu'à la fin, si j'avais quelque chose à ajouter, où j'ai encore une fois présenté mes excuses et exprimé mes regrets. En France, il faut prouver son innocence, car par défaut, vous êtes considéré comme coupable. Pour ma part, j'étais coupable et je le confirme encore aujourd'hui, mais les circonstances qui expliquaient mes actes (sans chercher à minimiser leur gravité) ont été ignorées.
Pendant les délibérations du jury, j'ai attendu dans une petite pièce de 5 m², sans fenêtre, avec seulement une faible lumière. Je n'avais pas de montre pour voir le temps qui passait, ni d'eau à boire. Mais le pire était de savoir que si la peine requise par le procureur était confirmée, je passerais plus de 12 ans en prison. À ce moment-là, je me suis promis de me suicider si la peine était celle demandée. J'avais préparé tout ce qu'il fallait pour le faire en cellule. J'étais complètement abattu, mais malgré cette tension, je ressentais une paix intérieure qui venait de Dieu lui-même. Je savais que de nombreuses personnes priaient pour moi et pour ce verdict. J'avais confié ce verdict à Dieu dans ma prière. Et pendant cette attente, j'ai prié pour que le verdict soit juste pour moi, mais aussi pour les victimes. Je savais que pour moi, ce serait toujours trop long, mais que pour les victimes, cela ne serait jamais assez.
Lorsqu'on est venu me chercher, j'ai demandé l'heure et j'ai constaté que j'avais attendu environ trois heures. Pour moi, cela ne semblait être qu'une heure et demie maximum. Je sais que Dieu a le pouvoir sur le temps, et pour moi, le temps n'a pas été pénible. Finalement, j'allais passer entre 6 et 10 ans en prison (en fonction de la date d'acceptation de ma libération conditionnelle). C'est une longue période, bien sûr, mais j'ai accepté et considéré cette durée comme juste, car c'est Dieu qui l'a déterminée. Je sais que Dieu a dû permettre mon arrestation pour que je change, sinon je serais perdu. Cela peut sembler fou, mais je le remercie d'avoir agi ainsi, et je le remercie aussi parce que le temps que je passe en prison me permet d'approfondir sa parole et de témoigner de ce qu'il a fait pour chacun de nous. Parfois, il suffit d'offrir un Calendrier de la Bonne Semence, que j'ai distribué à plusieurs personnes.
Merci aux Églises qui offrent leurs lectures aux aumôniers de prison pour qu'elles soient distribuées gratuitement, que ce soit des calendriers, des Nouveaux Testaments ou des Bibles. Même si je n'ai plus de nouvelles de ces contacts, avec presque toutes les personnes à qui j'ai parlé de Dieu, je sais que Dieu s'est servi de moi pour semer une graine. Il les arrosera par d'autres moyens, et elles pourront grandir.
Je continue à prier individuellement pour chacun, y compris ceux avec qui je correspond. J'envoie des feuillets sélectionnés à chaque lettre. Certains sont plus réceptifs que d'autres, mais je sais que Dieu a un plan pour eux.
Je me souviens d'un détenu qui me remerciait à chaque culte de l'avoir fait inscrire sur la liste du culte. Je lui répondais que c'est à Dieu qu'il devait dire merci, car c'est lui qui avait permis notre rencontre et son inscription. Je considère chaque opportunité comme une occasion de parler de Dieu, mais c'est très difficile en prison, car beaucoup ne veulent pas entendre parler de religion. Ceux qui pratiquent d'autres religions considèrent cela comme une menace pour leurs croyances. Je dois donc être prudent à chaque fois que je saisis une opportunité, car même si la personne à qui je parle est réceptive, d'autres qui nous entendent ne le sont pas. Je place ma confiance et ma sécurité en Dieu pour me protéger de toute agression, et jusqu'à présent, il l'a fait, et je sais qu'il continuera à le faire.
Grâce aux promesses de Dieu et aux prières de ceux qui m'entourent, j'ai surmonté ma dépression. Même si j'ai encore des moments de découragement, je n'ai plus envie de mourir, mais je n'ai plus peur de la mort. Je peux même dire que je l'espère, bien que cela n'arrivera sans doute pas tout de suite. Ce sera au moment choisi par Dieu, pour être libéré de ce monde et être en sa présence.
D'ici là, j'espère pouvoir continuer à partager mon témoignage en prison et à semer des graines. Il y a encore beaucoup de personnes qui ont besoin d'aide pour trouver Dieu parmi les détenus.
Dans Matthieu 25, verset 36, il est écrit : «J'étais en prison et vous êtes venus vers moi.» À ma sortie, j'aimerais pouvoir continuer ce ministère auprès des détenus. Pour cela, je profite de mon temps libre important en prison pour approfondir mes connaissances de la Bible. Je suis des cours bibliques par correspondance avec le soutien de l'aumônier. Il est important pour moi de partager la bonne nouvelle de l'Évangile, car moi-même je l'ai reçue : la mort de Jésus pour nos péchés, sa résurrection qui nous montre le chemin de la vie, et les nombreuses promesses de Dieu pour chacun.
Plus j'apprends, plus je réalise que j'ai encore beaucoup à découvrir. Mais le plus important est de bien comprendre la grâce que Dieu nous offre gratuitement. Il nous l'a déjà offerte par avance, il y a plus de 2000 ans, dans le sacrifice de Jésus. Nous n'avons pas d'œuvre à accomplir pour la recevoir, ni à payer. Il nous suffit de nous repentir de nos péchés, d'accepter Jésus comme notre Sauveur et Seigneur, d'abandonner notre manière de vivre dans le péché. Les œuvres viennent ensuite, pour exprimer notre reconnaissance pour ce qu'il a déjà fait. Les œuvres ne nous apporteront rien, si ce n'est la joie de le servir. C'est une fois sauvé que j'ai eu le désir de le servir pleinement. Mais je ne suis pas parfait, malheureusement il m'arrive encore de pécher. Même si cela ne remet pas en cause mon salut, cela me peine profondément et je demande pardon à Dieu. Je refuse cependant de pécher intentionnellement, car le prix de mon pardon a été Sa mort sur la croix, à ma place. L'assurance du pardon de Dieu n'est pas une autorisation de pécher. Je souhaite que ma vie soit autant que possible en accord avec ce que Dieu attend de moi.
Dans Matthieu 9, verset 12, il est écrit : «Mais Jésus, qui avait entendu, leur dit : Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades.» S'il y a bien un endroit où il y a des personnes malades du péché, c'est en prison. Même si la société ne veut plus de nous, Dieu veut sauver chacun d'entre nous. Mais c'est seulement en leur parlant de ce que Dieu a fait pour eux qu'ils pourront en prendre conscience.
J'aime le verset de 2 Corinthiens 12, versets 8 et 9 qui dit : « Et il m'a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. Ainsi, je me montrerai bien plus volontiers fier de mes faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur moi ». Je sais que j'ai, et que j'aurai toujours, des faiblesses. Mais ces faiblesses permettent à Dieu de montrer sa puissance et me rappellent que je ne suis pas au-dessus des autres, que je suis imparfait, et que j'ai besoin du pardon de Dieu qu'il m'offre. Je suis encore un pécheur potentiel, même si j'essaie de suivre la volonté de Dieu à chaque instant. Mais surtout, j'ai l'assurance de mon salut et de la vie éternelle que Dieu m'a promise malgré mes faiblesses.
Ce sont mes choix et mes actes qui m'ont conduit en prison, mais c'est Dieu qui m'a aussi envoyé ici pour m'arrêter dans mon autodestruction. C'est lui qui m'a donné les personnes, les paroles, les versets, la force de tenir bon et de changer de comportement, de fonctionnement et de pensée. Et même si j'ai encore beaucoup à apprendre, il est là, à mes côtés. Il me soutiendra dans mes combats pour suivre le chemin qu'il a tracé pour moi. Je ne sais pas si je pourrai un jour apporter l'Évangile en prison ou ailleurs, car si Dieu me conduit sur un autre chemin, je lui fais confiance. Je suis prêt à suivre son plan pour moi. Il me soutiendra et me donnera la force de faire face à mes moments de découragement et de surmonter tous les obstacles que le monde mettra sur ma route.
Un détenu qui choisit de suivre Dieu.
Elle vient de fêter ses 22 ans derrière les barreaux
Procès de S. jeune fille que je suis depuis 3 ans et qui est partie à Rennes. 18 ans ! L’avocat...
Adoration nocturne
Poème d'une personne détenueTu viens me voir en prison, Seigneur,En ce lieu sale et obscure qui...
DANS SA CELLULE, IL RENCONTRE JÉSUS !
Comment s'en sortir quand on est battus, quand la haine fait partie du quotidien, mais qu'une...
Dieu se révèle à un criminel en prison qui se convertit
C’est au cours de son incarcération en cellule d’isolement que Darwin Casey Diaz, va voir se...
Au coeur d'une prison pour femmes
Le centre pénitentiaire pour femmes de Rennes est la plus grande prison pour femmes d’Europe et...
Histoire d'Espoir
Histoire d’Espoir —Novembre 2021 Esther Chen, stagiaire à TWRGraciela* est détenue à la prison...