Bela a encore récidivé
Et voilà qu’un jour, une femme plurirécidiviste que j’avais déjà accompagnée par moment revient à l’aumônerie. Le culte va commencer sous peu. En attendant, les femmes se saluent longuement. Elles échangent des nouvelles du dehors et du dedans de la prison.
C’est si important ! Et l’esprit de recueillement est long à venir. Comme elles n’arrêtent pas de bavarder, un peu exaspérée, j’interromps mon introduction et les laisse continuer. J’ai fait le bon choix, car elles m’apprennent que Béla, la « revenante » en question, estime que je n’ai pas changé depuis les 15 ans qu’elle me connaît comme aumônier ! Je ne trouve pas intéressant d’entendre ses flatteries ou ses propos sur mes rides, mais peu à peu, je comprends mieux, car Béla me dit : « Vous vous trompez, ce n’est pas de votre physique qu’on parle, mais de votre foi. »
Alors oui, cela peut être intéressant ! Aussi je lui donne la parole pour qu’elle nous dise quelques mots. Elle raconte alors comment elle se met à prier et à fréquenter l’aumônerie protestante et son culte chaque fois qu’elle revient en prison. Mais à la sortie, la libération est trop belle, trop excitante : elle oublie Dieu à tous les coups. De retour cette fois-ci à la prison et au culte, elle se dit interpellée par ma foi : « Vous ne changez pas, depuis 15 ans que je vous connais, vous avez un Dieu stable », dit-elle. C’est effectivement une découverte significative pour une personne instable et multirécidiviste.
Puis, nous entamons un dialogue « public » en plein culte, en présence d’une vingtaine de détenues : de mon côté, je précise que c’est justement pour leur parler d’un Dieu stable que je viens les voir chaque semaine depuis Paris. De son côté, Béla finit par dire, cette fois-ci, dans un profond silence de recueillement : « Je veux avoir la foi en un Dieu stable. Je veux changer, je veux être une autre femme ». Dans l’auditoire, plus personne ne bouge, la plupart des femmes connaissant Béla ou en ayant entendu parler. J’invite alors les femmes à prier avec moi afin que Béla et peut-être d’autres ici puissent connaître un « Dieu stable » dans leur vie.
À la fin du culte, la multirécidiviste se prend à déclarer avec force devant tout le monde que c’est fini pour elle et qu’elle ne reviendra plus jamais en prison… Pendant ce culte, la présence de Dieu est vraiment tangible : nous louons Dieu et chantons des cantiques d’adoration pendant un bon moment. Le groupe des récidivistes paraît très touché par le témoignage d’une des leurs.
Pendant cette incarcération, Béla prend le temps de fortifier sa nouvelle foi et, avant sa libération, elle nous assure qu’on ne la reverra plus en prison. Malheureusement, elle reviendra encore deux fois en raison de la complexité de son dossier et pour des faits anciens. Étant humiliée et honteuse, il faut aller la chercher en cellule pour qu’elle vienne au culte, où elle pleure beaucoup. Souvent elle est accablée, pensant qu’elle est allée trop loin dans la délinquance pour que Dieu veuille encore d’elle. Je la rassure, prie et lis avec elle des textes de la Bible au sujet du pardon et de la fidélité de Dieu.
En retour, c’est elle qui m’aide à répondre à d’autres récidivistes qui me déclarent que rien de bien ne pourra plus arriver dans leur vie de façon durable. Plusieurs mois après la dernière incarcération et la libération de Béla, je reçois une grande enveloppe d’elle en provenance de Strasbourg, contenant les copies de rapports très favorables sur ses stages auprès de la petite enfance. J’en ai les larmes aux yeux. En plus, elle obtient pour la première fois une carte de séjour en règle. Quand j’en parle aux détenues de l’aumônerie protestante, le groupe des récidivistes est sidéré, mais encore incrédule. C’était en quelque sorte un coup de chance pour elle !
Plus tard, je reçois encore une grande enveloppe avec les copies de son diplôme d’aide-soignante et d’un contrat de location d’appartement. Il s’y trouve aussi un chèque du montant de la dîme de son premier salaire, honnêtement gagné, afin d’acheter des Bibles pour l’aumônerie. À ces nouvelles, les femmes récidivistes poussent des cris de stupéfaction ! Plusieurs d’entre elles commencent alors à réfléchir sérieusement sur leur existence et à prier pour des projets de vie plus chrétiens.
Béla, depuis ce temps, est devenue une des responsables de son église : elle participe à des projets d’évangélisation et garde les enfants. Plus récemment, elle a trouvé « chaussure à son pied » et s’est mariée. Elle a proposé de m’offrir mon billet de train pour venir au mariage… La plupart des femmes récidivistes ne sont plus revenues en prison. Fallait-il qu’elles voient de leurs yeux l’une d’entre elles s’en sortir ? J’ai eu de bonnes nouvelles de plusieurs d’entre elles, mais deux reviennent assez régulièrement et en mauvais état de santé, car la prison semble être leur point de repère. Heureusement, il y a des personnes qui prient dans les coulisses pour ce ministère en prison…
Tiré du livre "Voir Dieu agir en prison"
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